De premières observations menées par l'INRA à la Roseraie montrent que favoriser la nidification des mésanges pourrait être l'une des stratégies de régulation biologique contre la pyrale du buis.

Certaines chenilles peuvent être considérées comme de véritables ravageurs en se nourissant de végétaux. Oon dit qu'elles sont phytophages. Un bon exemple est la chenille processionnaire du pin. Depuis 2006, l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) expérimente avec succès leur gestion en favorisant la nidification des mésanges par la pose de nichoirs dont l'objectif est d'augmenter leur niveau de prédation de ces oiseaux.

En effet, les mésanges (toutes espèces confondues) sont connues comme d'importants prédateurs de larves de papillons. L'apport de nichoirs adaptés représente une stratégie efficace de régulation dans les vergers en agriculture biologique. En période de nidification, un couple de mésanges peut chasser jusqu'à 900 chenilles par jour et entre 20 à 40 le reste de l'année.

Fin 2016, le Département du Val-de-Marne et l'INRA Unité expérimentale Entomologie et Forêt Méditerranéenne, ont installé des nichoirs dans le jardin de la Roseraie pour tenter de favoriser la nidification de cet oiseau. Au total, 20 nichoirs ont été disposés sur une surface d'environ 1 hectare. Des observations in situ réalisées par piège photographique (caméras qui réalisent des photos d'un animal qui passe devant) ont permis de confirmer que la pyrale du buis fait désormais partie du régime alimentaire des mésanges.

A l'automne 2017, elles ont commencé à investir les nichoirs et nous avons dénombré pas moins de 11 couvées. Nous obtenons ainsi ce que l'on appelle un "taux de colonisation" de 11 couvées par hectare ce qui est un résultat élevé.

Cela permet de démontrer d'une part la relation positive entre un nombre de nichoirs suffisament important et le taux de colonisation, et d'autre part, la richesse du milieu en larves. Car les mésanges chassent autant les chenilles sur le buis que celles dans les rosiers.

Aucun poussin mort n'a été retrouvé dans les nichoirs. Ceci laisse penser que les substances chimiques naturellement présentes dans le buis, se retrouvant dans les chenilles de pyrale après ingestion, ne seraient pas toxiques pour les oisillons.

Dans la Roseraie, la pose des nichoirs s'est faite tardivement, plus de 3 années après les premiers dégâts et alors que la pyrale du buis avait déjà trop largement sévi, entraînant la mort d'une grande partie des buis patrimoniaux. Les nichoirs resteront dans le jardin malgré la destruction des buis afin de réguler les autres chenilles phytophages et de protéger écologiquement les nouvelles plantations de buis réalisées dans les années à venir.

Dans les jardins privés, la présence de nichoirs est aussi une réelle opportunité pour les mésanges de trouver des cavités artificielles adaptées. La pose de nichoirs dans ces milieux urbanisés est donc à encourager.

Jean-Claude MARTIN, ingénieur de recherche à l’INRA d’Avignon