La rose bleue attire tous les obtenteurs mais elle reste pour l’instant un doux rêve...

Le bleu dans les fleurs

Rose, jaune, rouge, bleu… De nombreuses couleurs sont présentes dans les fleurs de Dame Nature mais certaines sont plus rares que d’autres…

Dans le domaine horticole, les couleurs variétales sont codées grâce au nuancier spécifique de la charte de la Royal Horticultural Society. Ainsi, la couleur bleu est définie par les codes allant de 98 à 115. Sur le plan physique, cela correspond aux ondes lumineuses dont la longueur varie de 380 à 780 nm.

Spectre de la lumière visible
Spectre de la lumière visible

Chez les végétaux, les molécules qui absorbent la lumière visible sont les anthocyanes. Situées dans la vacuole des cellules épidermiques, elles donnent leur couleur aux fleurs : bleu, rouge, mauve, rose ou orange, ces couleurs dépendent du type d’anthocyanes.

Exemples :

  • Lutéolinidine → Orange
  • Pélargonidine → Rouge
  • Cyanidine → Magenta
  • Delphinidine → Violet

 Il n’existe pas chez la « rose bleue » de véritable pigment bleu et pourtant de nombreuses fleurs – principalement chez les plantes vivaces (iris des jardins, lupin, gentiane…), annuelles ou bisannuelles (pensée, myosotis, pétunia…), mais aussi chez les Clématites – présentent ce coloris... Il s’agit en fait d’associations multiples et complexes des chromophores que sont les anthocyanes avec d’autres molécules des cellules épidermiques.

Exemples :

  • la co-pigmentation : il s’agit d’une interaction entre les anthocyanes et d’autres molécules vacuolaires (polyphénols), appelées co-pigments. Cette association présente l’avantage de protéger le chromophore anthocyanique contre la dégradation due à l’augmentation du pH. De plus, la co-pigmentation permet de diversifier les coloris avec un même chromophore : par exemple, le chlorure de cyanine est l’anthocyane présent majoritairement à la fois dans le bleuet sauvage (bleu) et dans la plupart des roses rouges…
  • la complexation anthocyane-métal  : la complexation d’ions métalliques (fer, aluminium…) puisés dans le sol, avec des anthocyanes (principalement cyanidine et delphinidine) serait à l’origine de la couleur bleue chez quelques fleurs : par exemple, l’hortensia bleu.

Une rose bleue, est-ce possible ?

Malgré les noms évocateurs de certaines roses (Blue Parfum®, Nil bleu®, Rhapsodie in blue®, Shoking Blue®…), les fleurs créées jusqu’ici gardent des teintes empreintes de rouge et proposent des nuances allant du mauve au violet… Il n’existe pas de vraie rose bleue !

L’état actuel des recherches

Pour obtenir une rose bleue, les australiens de Florigene et les japonais de Suntory ont donc choisi de modifier le code génétique de la rose. Leur démarche s’articule en trois grandes étapes :

  • 1) Bloquer la production du pigment rouge. Dans ce but, ils ont fait en sorte de rendre « silencieux » le gène qui code pour la dihydroflavonol reductase (DFR), enzyme qui permet la production du pigment rouge. Pour cela, ils ont utilisé un mécanisme naturel de dégradation de l’ARN : sans ARN, la transmission des instructions génétiques de l’ADN aux ribosomes, qui fabriquent les protéines n’est plus assurée. La production du piment rouge ne peut plus avoir lieu.
  • 2) Permettre la production d’un pigment bleu. Florigene et Suntory ont choisi d’intégrer au code génétique de la rose, la séquence d’ADN de la pensée Viola tricolor hortensis qui code pour la delphinidine, pigment bleu.
  • 3) Produire un pigment bleu.

Pour cette dernière étape essentielle, le gène qui code pour la DFR de la rose a été remplacé par un gène d’iris qui code pour une DFR intervenant dans la production de pigment bleu.

Rose bleue
Rose bleue

Afin d’affiner la technique, Florigene et Suntory ont également modifié le code génétique de telle façon à ce que le pH des pétales reste suffisamment acide pour ne pas entraîner la décoloration du pigment bleu.

La première « rose bleue » de l’équipe Florigene-Suntory a été créée en juin 2004. Depuis, les chercheurs ne cessent d’améliorer le processus pour se rapprocher toujours plus d’une véritable rose de couleur bleue. Les premières roses seront vendues au Japon…

Parallèlement, la rose Pacific Dream® vient tout juste d’être récompensée lors du concours Innovert® 2008 dans la catégorie Pépinière, en tant que nouveauté végétale.

Son coloris unique lilas-pourpre évoluant vers une tonalité bleu ardoise associé à un parfum original mêlant la violette et le citron a charmé le jury.

Obtenue par le rosiériste anglais Peter James et produite en France par les pépinières de la Saulaie, Pacific Dream® tout comme la « rose bleue » de l’équipe Florigene-Suntory, se rapprochent toujours plus de la véritable rose bleue dont rêve tous les obtenteurs…